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Rapport Ineris : étude des filières de recyclage des mégots

Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques, l’Ineris a été sollicité plusieurs fois dans le cadre des réflexions des pouvoirs publics sur l’éventuelle création d’une filière REP pour les mégots de cigarettes : à la suite d’une première étude qui avait pu mettre en évidence en 2017 le statut de déchets dangereux des mégots, par ailleurs premier déchet marin en nombre d’unités, l’Ineris a rendu en 2019 un rapport sur les filières de recyclage des filtres usagés en France et à l’international. Le triple but de cette étude : évaluer les performances environnementales de ces filières de recyclage, confirmer les bénéfices de la valorisation énergétique (thermique) par rapport à la valorisation matière, et faire un point sur la question des filtres papiers.

Mégot pollue planète

Étude documentaire du rapport Ineris

Méthode et résultat de l’étude documentaire

La direction scientifique de l’Ineris a réalisé une nouvelle étude documentaire poussée en complément de l’étude bibliographique et de la veille scientifique de 6 mois réalisée en 2016 et 2017 auprès des acteurs de la collecte et du traitement des déchets mégots. La seconde étude documentaire porte plus spécifiquement sur les filières de recyclage des mégots : elle s’intéresse à en identifier les acteurs et les procédés de recyclage, et à rechercher des informations sur les performances économiques, sanitaires et environnementales de ces procédés.

Les acteurs de la valorisation

Aucun nouvel acteur de valorisation matière du mégot n’a été identifié sur le marché national depuis la première étude. En France, la filière est représentée par MéGO! et EcoMégot, la seconde entreprise étant à l’état de la recherche et du développement sur la question de la valorisation matière. Alternative à la valorisation matière, la valorisation énergétique est quant à elle choisie par les acteurs Cy-Clope et EcoMégot (en partie). À l’étranger, l’étude documentaire de l’INERIS identifie TerraCycle, active dans le recyclage de mégots au Canada, aux États-Unis et en Australie, Code Entreprise LLP en Inde, Verda Waste en Afrique du Sud et Poiato Recicla au Brésil.

Les projets de valorisation matière

La veille scientifique exercée par l’Ineris a permis de repérer d’autres initiatives de recyclage des mégots dans le monde n’ayant pas abouti, notamment en Tunisie et au Chili, ainsi que la poursuite de multiples projets de recherche en cours autour de la valorisation des déchets mégots : pour la production d’absorbants oléophiles et hydrophobes utilisables lors des marées noires, pour l’incorporation dans des briques en terre cuite, pour la production d’isolants phoniques, ou encore pour l’incorporation au caoutchouc naturel, comme charge renforçante. Les articles mentionnant ces recherches évaluent rarement les performances dépolluantes des procédés, se concentrant surtout sur les qualités du produit fini.

Présentation détaillée des filières de recyclage des mégots

L’Ineris s’est particulièrement penché, lors de cette seconde étude, sur les activités des acteurs du recyclage des mégots, distinguant les deux filières de la valorisation matière et de la valorisation énergétique. La première étude avait déjà conclu de la valorisation énergétique qu’elle était la seule filière classique envisageable pour le traitement des mégots de cigarettes.

Filières de la valorisation matière

MéGO! : par thermocompression des filtres lavés et broyés, l’entreprise produit des plaques de plastique pouvant servir à la conception de divers objets du quotidien.

EcoMégot : l’entreprise de collecte travaille à plusieurs pistes de gestion, en valorisation énergétique et valorisation matière. Du côté de la valorisation matière, deux procédés sont en phase de tests, qui consistent respectivement à la production de fibres à partir des fils de cellulose des filtres, et à la production de granulés plastique après broyage et compactage des déchets mégots.

TerraCycle : la société décrit son activité comme visant à la transformation des mégots en plastique rigide réduit à l’état de poudre. La matière peut ensuite servir à la création de lattes de terrasse composite ou de petits objets (cendriers, etc.).

Poiato Recicla : l’entreprise brésilienne valorise les déchets mégots sous forme de pâte de cellulose qui peut être réutilisée par l’industrie papetière.

Code Entreprise LLP : l’entreprise applique un procédé de dépollution permettant d’utiliser l’acétate de cellulose du mégot comme rembourrage dans différents produits (coussins, etc.).

Valorisation énergétique et traitement thermique

La première étude de l’Ineris avait déjà conclu que la valorisation énergétique du mégot était la solution la plus performante d’un point de vue économique et environnemental. L’acteur de collecte Cy-Clope s’est tout naturellement tourné vers cette filière en nouant un partenariat durable avec le groupe CHIMIREC. Le but : préparer avec les mégots des combustibles destinés aux cimenteries. Le pouvoir calorifique de l’acétate de cellulose fait en effet du mégot un combustible intéressant.

Valorisation énergétique

Performances des filières de valorisation des mégots

Premier déchet marin, le mégot de cigarette est chargé en substances polluantes et est donc, à ce titre, considéré comme un déchet dangereux. Élément de réponse au problème de la dispersion des mégots dans l’environnement, le développement de filières de collecte soulève de nouveaux enjeux, qui sont ceux de la gestion de ces flux de déchets spécifiques. Les performances environnementales des différentes filières de valorisation peuvent être mesurées par rapport :

  • À la performance de dépollution, qui considère à la fois la concentration de polluants générés dans un nouveaux flux et le résidu de polluants mesuré dans les flux valorisés
  • Au devenir des matières produites grâce au procédé de valorisation
  • À la consommation d’énergie et de ressources (notamment d’eau) qu’implique le procédé de valorisation
  • À l’intérêt spécifique de l’utilisation du mégot pour la filière

La performance économique des filières est également évaluée.

Le rapport de l’Ineris met en avant l’absence de données techniques permettant de mesurer la performance environnementale des filières de valorisation matière. Pour les deux filières, matière et énergétique, il est noté l’importance du coût du transport, estimée à 75 % du coût total du process de valorisation.

Focus sur les filtres en papier

La création de filtres de nouvelle composition, dont l’entreprise Republic Technologies affirme la biodégradabilité, pose des interrogations quant à la gestion des déchets mégots et à l’impact qu’aurait une éventuelle substitution sur les filières de valorisation. Les équipes de l’Ineris se sont également penchées sur cette question.

L’impact environnemental du mégot à filtre papier

Mégot écrasé

Le rapport de l’Ineris aborde d’abord l’affirmation de Republic Technologies selon laquelle leurs filtres papier remplissent les conditions du test de biodégradabilité OECD-301B. L’absence de disponibilité des rapports d’essais ne permet pas au centre de veille scientifique de l’Ineris de confirmer la pertinence de cette affirmation de biodégradabilité. Par ailleurs, quelle que soit sa matière, biodégradable ou non, un filtre de cigarette usagé est chargé de substances chimiques susceptibles de polluer les eaux de surface, les eaux marines et les sols, et d’avoir un impact négatif sur les organismes vivants. La question de la biodégradabilité du filtre ne résout donc pas à elle seule la problématique globale de l’impact des déchets mégots sur l’environnement.

L’impact du mégot papier sur les filières de gestion et de valorisation

Les équipes de l’Ineris se sont interrogées sur l’impact de la présence de mégots en papier dans les flux de mégots en polyacétate de cellulose. Il semblerait que du côté de la filière de traitement thermique (valorisation énergétique), la perte de pouvoir calorifique resterait minime.

Conclusion du rapport Ineris sur les filières de recyclage des mégots

Se concentrant sur les filières de traitement/recyclage des mégots après sa première étude de 2017, le rapport 2019 de l’Ineris distingue deux solutions de gestion des déchets mégots collectés : la valorisation matière et la valorisation énergétique.

Conclusion de l’Ineris sur la valorisation matière

En France, l’Ineris a identifié deux organismes proposant la valorisation matière des mégots, à des stades d’avancement différents : MéGO! et EcoMégot. Pour le premier, la question de la dépollution n’a pas pu être expertisée faute de données. Le second en est à la phase de recherche et de développement, mais n’a pas abordé la problématique du devenir des polluants.

Conclusion de l’Ineris sur la valorisation énergétique

Le rapport de l’Ineris note le développement parallèle de la valorisation énergétique, vers laquelle se sont tournés plusieurs acteurs de la collecte des mégots : Cy-Clope pour l’ensemble de ses flux et EcoMégot pour la moitié de ses flux. Solution la moins coûteuse grâce à ses installations opérationnelles sur tout le territoire, elle profite d’un maillage dense et donc de frais de transport significativement réduits.

Le rapport Ineris apporte sa contribution à une réflexion globale sur l’instauration d’une filière REP mégots. Il fait état des solutions de gestion actuellement mises en place ainsi que des pistes en cours. L’analyse des données récoltées au cours des recherches de l’Ineris met en avant l’importance du transport des mégots dans leur processus de gestion, à même d’arbitrer la comparaison des filières de valorisation matière et de valorisation énergétique.