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Décomposition des mégots de cigarettes à filtres

Avec 15 millions de fumeurs en France et 1,1 milliards dans le monde, la question des déchets liés à la consommation de cigarettes est de plus en plus cruciale, et tout particulièrement en ce qui concerne les mégots de cigarettes avec filtre. Geste qui semble anodin au fumeur, répété plusieurs fois par jour et par des milliards de personnes dans le monde, le fait de jeter ou d’écraser son mégot sur le sol pose de gros problèmes environnementaux. Chiffres clés, études phares et solutions, Cy-Clope vous éclaire sur les enjeux liés à la décomposition des mégots de cigarettes.

Combien de mégots sont jetés par terre chaque jour ?

4 300 milliards de mégots de cigarettes sont jetés au sol chaque année dans le monde, soit près de 12 milliards par jour.

Pour la seule ville de Paris, ce sont chaque jour 10 millions de mégots abandonnés au sol et qui représentent 350 tonnes de déchets ramassés par les équipes de nettoyage municipales. Un chiffre qui ne prend pas en compte les mégots qui finissent leur course dans la Seine, dans les égouts ou dans la terre des espaces verts.

4 300 milliards de mégots jetés au sol

Pour la France entière, le poids des mégots jetés ou écrasés par terre représente près de 25 000 tonnes par an.

Sur les 40 milliards de cigarettes vendues chaque année en France, plus de 30 milliards de mégots ne finissent pas leur course dans un cendrier mais directement dans la nature ou sur le sol des villes.

Sur les plages et sur les littoraux, les filtres de cigarettes représentent 40 pourcent des déchets récoltés lors des opérations de nettoyage : un chiffre dont on mesure d’autant plus l’importance si l’on considère qu’un seul mégot ne mesure que 2,5 cm et ne pèse que 0,22 gramme environ.

Sur le nombre de mégots qui échouent sur les plages, une grande partie ne provient pas directement des personnes fumant sur la plage : le ruissellement des eaux de pluie et les vents emportent d’abord les mégots dans les cours d’eau ou dans les égouts, ce qui en conduit un bon nombre jusqu’aux mers et aux océans.

À l’heure actuelle, près de 140 000 mégots sont jetés par terre ou directement à l’eau chaque seconde dans le monde : or la consommation de cigarettes continue d’augmenter, la croissance démographique mondiale entraînant de facto un plus grand nombre absolu de fumeurs.

Quels impacts sur la nature et les océans ?

Le mégot : une composition problématique

Lorsque l’on évoque la toxicité du déchet de cigarette, c’est le mégot des cigarettes à filtres qui est en jeu : il représente un danger environnemental par sa composition, mais aussi à travers les substances dont il s’est chargé durant la combustion de la cigarette. Or, les cigarettes à filtres sont aussi les plus consommées par les fumeurs, et ce partout dans le monde.

Filtre mégot polluant

Un filtre de cigarette est composé d’une structure en acétate de cellulose, une fibre synthétique plastique que l’on retrouve dans l’industrie textile sous le nom de viscose. Il se comporte donc bien comme un déchet plastique, c’est-à-dire dénué de biodégradabilité : le mégot-filtre se dégrade par altération et dispersion de sa matière en particules de plastique de plus en plus petites : microparticules puis nanoparticules.

Le filtre usagé contient en plus les substances toxiques et polluantes qui résultent de la combustion de la cigarette : parmi les 4 000 substances chimiques retrouvées dans les mégots-filtres, se trouvent notamment des métaux lourds (barium, plomb, mercure), des hydrocarbures aromatiques et des traces de pesticides utilisés par l’industrie du tabac dans la phase de culture. La nicotine elle-même est un alcaloïde toxique aux effets néfastes sur la faune marine comme terrestre.

Quelle durée de décomposition pour un mégot ?

Le temps de dégradation d’un mégot va jusqu’à 12 ans.

Par dégradation, on n’entend pas ici disparition ni bio-décomposition, mais altération de la matière en une multitude de particules microscopiques qui conservent leur toxicité. La matière plastique utilisée par l’industrie du tabac pour fabriquer les filtres met ainsi plus d’une décennie avant de se décomposer en nanoparticules de plastique, que l’on peut retrouver dans les analyses des eaux de l’océan.

Le filtre biodégradable, lancé sans grand succès par l’industrie des cigarettes il y a quelques années, ne résout pas le problème des substances contenues dans le filtre usagé, notamment les métaux lourds dont on retrouve ensuite la trace chez les animaux marins.

L’impact sur la nature et sur les ressources en eau

La petite taille du mégot, sa légèreté et sa quantité font de lui un déchet aux grandes capacités de dispersion : une caractéristique qui complexifie la problématique de sa gestion. Parce qu’ils flottent, les mégots-filtres sont entraînés par le ruissellement des eaux de pluie et par les eaux utilisées pour le nettoyage des voies publiques. Lorsque la décomposition d’un mégot a déjà commencé ou que sa détérioration a été accélérée par le passage des voitures et piétons, les microparticules de plastique vont elles aussi être dispersées par l’usage de nettoyeurs souffleurs à haute pression, par les vents et par le ruissellement naturel de l’eau. Le dégrillage destiné à piéger les déchets volumineux n’arrête pas ces particules fines de matières synthétiques et toxiques. Qu’il soit jeté en ville ou directement sur le littoral, le mégot représente donc le même danger pour l’environnement.

Un seul mégot a la capacité de polluer 500 litres d’eau. Des expérimentations ont montré que dans un litre d’eau, il fallait moins de 96 heures à un mégot pour tuer la moitié des poissons exposés. Au cours d’autres expériences, 100 % des mollusques sont morts en moins de 8 jours lorsqu’ils étaient exposés à un liquide résiduel issu du trempage de 5 mégots dans un litre d’eau durant seulement 2 heures. La longévité du mégot et sa présence en quantité dans la nature font désormais de lui un enjeu crucial pour l’environnement. L’écotoxicité de la nicotine, notamment, représente une menace pour la qualité des eaux potables en zone urbaine.

Parallèlement à son impact sur les sols et sur les ressources en eau, on peut enfin souligner le risque incendie que représente le mégot dans des zones naturelles sensibles, notamment en été. 30 % des départs de feux constatés dans les Bouches-du-Rhône sont ainsi imputés à des promeneurs qui éteignent mal leurs mégots et à des automobilistes qui s’en débarrassent en le jetant par la fenêtre de leur véhicule.

Risque incendie mégot

Quelles solutions ?

Longtemps envisagé sous le seul angle de la santé publique, le tabac et tout particulièrement la gestion des déchets liés à sa consommation doit aujourd’hui faire l’objet d’une profonde réflexion, à l’échelle locale comme internationale. Plusieurs solutions ont déjà été envisagées — à l’initiative des pouvoirs publics, de l’industrie du tabac elle-même ou d’entrepreneurs innovants — dont certaines commencent à faire leurs preuves.

Les filtres biodégradables

La création de filtres biodégradables, pour le marché du tabac en vrac à rouler, mais aussi pour le marché des cigarettes à filtres prêtes à fumer, est une solution polémique : 60 % du filtre pourrait se dégrader en un mois, contre 10 % pour un filtre classique sur la même durée. Mais le filtre à cigarette biodégradable conserve un impact notable sur l’environnement, ne serait-ce qu’à travers les substances chimiques qu’il contient nécessairement. Ses décrieurs considèrent aussi cette innovation déculpabilisante pour les fumeurs, et donc susceptible de freiner les efforts publics pour inciter à l’usage de cendriers.

Le balisage des zones fumeurs

Le fait de définir des zones fumeurs, ce qui revient à créer des espaces autorisés et des espaces interdits à la consommation de cigarettes, permet de concentrer les déchets mégots. Il est ainsi possible de lutter de manière plus efficace contre leur dispersion.

La collecte

Baliser les espaces fumeurs facilite aussi la mise en place de points de collecte, sous forme de cendriers exclusivement dédiés aux déchets de cigarettes, et incite à leur utilisation par les fumeurs. Dans la même optique que multiplier les poubelles sur les plages et près des bancs permet de lutter contre le dépôt de déchets sur les espaces publics, il s’agit de mettre des cendriers à contenance suffisante à disposition du public sur les lieux-mêmes où se retrouvent les fumeurs.

La recyclage par la valorisation

Le recyclage du mégot est difficile, du fait de sa petite taille et de sa composition. En évitant sa dispersion, c’est-à-dire en concentrant la quantité de mégots rejetés dans des points de collecte identifiés et fonctionnels, il est cependant possible de récolter ces déchets spécifiques afin de les valoriser. C’est la proposition même de la solution Cy-Clope, qui valorise les mégots collectés en circuit court en Combustible de Substitution Énergétique (CSE) afin de produire de l’énergie.

Une étude de l’Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques (Ineris) à laquelle a participé Cy-Clope en 2017 préconise la classification du déchet mégot comme dangereux du fait de sa toxicité pour l’environnement et pour la santé, à travers notamment la contamination des eaux potables. La valorisation énergétique constitue une solution performante et réaliste pour répondre aux enjeux nouveaux et urgents que posent les mégots de cigarettes.